Acides gras oméga 3 et grossesse
pourquoi sont-elles importantes ?
Les graisses ne sont pas seulement importantes pour stocker et mettre à disposition de l’énergie. Elles servent aussi à l’isolation des voies nerveuses et entrent dans la composition des membranes cellulaires. De plus, elles représentent la matière première pour une multitude d’hormones et sont le principal composant du cerveau. Un fœtus a besoin d’environ 75 mg de graisse par jour pour la construction de son cerveau. Le poids du cerveau passe au troisième trimestre de 75 à 400 g. Les acides gras oméga 3 jouent un rôle relativement important. C’est la raison pour laquelle cet article leur consacre une large place.
Les acides gras oméga 3
Les acides gras oméga 3 les plus importants pour l’être humain sont les acides gras oméga 3 marins EPA et DHA. L’EPA participe à de nombreuses fonctions du métabolisme et joue un rôle important dans la coagulation du sang et le système immunitaire. L’organisme peut transformer l‘EPA en DHA. Le DHA est un composant de la membrane de nos cellules, en particulier nerveuses. Par conséquent, il maintient nos cellules nerveuses en bonne santé et participe au développement normal du cerveau.
Les poissons sauvages représentent la source la plus importante d’acides gras oméga-3 EPA et DHA. Il est à noter que l’acide gras oméga 3 végétal ALA ne peut être transformé par l’organisme en EPA et DHA que dans une très faible mesure.
Les acides gras oméga 6
Les huiles végétales issues du tournesol, des germes de maïs, du soja et du chardon sont composées à plus de 50 % d’acides gras oméga 6. Ces huiles végétales participent au déséquilibre oméga 6/oméga 3 dans notre alimentation. Notamment parce qu’elles sont présentes dans la nourriture des animaux d’élevage de masse.
Les « bonnes » huiles végétales, c’est-à-dire neutres au regard du rapport oméga 6/oméga 3, sont celles de coco, de palme, de lin, de chanvre et d’olive. Le corps a besoin de ces deux types d’acides gras, cependant dans des proportions mesurées. Car les oméga 6, en tant qu’antagonistes des oméga 3, ont des effets inflammatoires.
Dans un article paru en octobre 2016 dans la revue spécialisée en médecine naturelle « Naturheilpraxis » (pratique naturopathe) sous le titre « Acides gras oméga 3 et grossesse », la sage-femme et naturopathe Annett Schmittendorf et la nutritionniste Julia Tulipan traitent des avantages qu’apporte une supplémentation suffisante en oméga 3 en matière de santé pour la mère et l’enfant pendant la grossesse.

Le rapport oméga 6/3
Les habitants d‘Okinawa (une préfecture du Japon), qui ont une longue espérance de vie et souffrent rarement de maladies chroniques, ont un rapport oméga 6 /oméga 3 compris entre 1 : 1 et 4 : 1. En Europe, où l’alimentation de type occidentale nous fait consommer beaucoup de viande issue de l’élevage de masse et beaucoup d’huiles riches en oméga 6, ce rapport est environ de 15 : 1.
La quantité d’oméga 3 dans notre alimentation
On entend souvent dire qu’il n’y a pas de carences alimentaires dans les populations européennes et qu’avec une alimentation équilibrée, les besoins en micro-nutriments sont couverts. Cependant des études prouvent le contraire. En Autriche, un rapport officiel sur l‘alimentation datant de 2012 a montré que seulement un tiers des enfants en âge scolaire avaient un indice optimal en oméga 3 (pourcentage d’EPA et DHA sur le total des apports en acides gras). Une fois de plus, cela est dû à l’alimentation qui ne permet pas de consommer suffisamment d’acides gras oméga 3, car même la viande et le poisson ne contiennent pas assez d’oméga 3.
PENDANT LA GROSSESSE
Déjà avant la grossesse, l’apport en oméga 3 a une grande influence sur le développement sain de l’enfant et de la mère. Avant d’être enceinte, si la mère souffre déjà d’une maladie métabolique, cardio-vasculaire ou d’hypertension, le risque de prééclampsie et d’insuffisance placentaire pendant la grossesse est accru. En la présence de telles maladies, la littérature scientifique recommande un apport suffisant d‘oméga 3 : environ 1,5 g à 6 g par jour, les effets anti-inflammatoires de l’ EPA et du DHA étant particulièrement utiles.
Après la naissance
L’équilibre hormonale de la mère après l‘accouchement change brutalement, ce qui peut entrainer, entre autres, une dépression post-partum. Dépression et inflammation silencieuse vont souvent de pair. Des chercheurs ont découvert que, plus le taux d‘EPA et de DHA est élevé chez une personne en dépression, plus la guérison de cette dépression sera probable.
Poissons de mer et pollution aux métaux lourds
Pour couvrir ses besoins en acides gras oméga 3 EPA et DHA, il faut consommer des poissons gras. Mais pour préserver sa santé, il vaut mieux éviter les poissons carnassiers (comme le thon ou l’espadon) qui se trouvent en haut de la chaîne alimentaire et peuvent donc contenir des taux importants de polluants et de métaux lourds. Si la consommation de poisson ne permet pas un apport suffisant en oméga 3, il faut penser aux compléments alimentaires. Il vaut alors mieux choisir une huile de poisson purifiée et débarrassée des PCB et métaux lourds. Dans ce cas, il n’y a aucun risque, ni pour la mère, ni pour l’enfant.
Influence sur le développement embryonnaire
A partir du DHA et de l’EPA, l’organisme fabrique des hormones tissulaires (appelées éicosanoïdes) qui ont un effet anti-coagulant et dilatent les vaisseaux. De plus, ils influencent le développement du système nerveux et du cerveau, ainsi que la régulation du métabolisme des neurotransmetteurs et du système immunitaire. Les auteurs d’une étude rétrospective concluent que les oméga 3 freinent la formation de médiateurs, enzymes et cytokines responsables de l’inflammation.
L’enfant
Le cerveau de l’enfant se développe fortement après la naissance, période pendant laquelle les graisses sont essentielles, entre autres pour les membranes cellulaires. Avec l‘allaitement maternel, l’alimentation de la mère a encore une influence sur la croissance et le développement neurologique de l’enfant. Si la mère allaitante absorbe suffisamment d‘oméga 3, cela aura des effets positifs sur le nourrisson, puisque l’enfant bénéficie des graisses du lait maternel.
EN RÉSUMÉ
Une consommation suffisante d’oméga 3 a des effets bénéfiques sur la mère et l’enfant. Des études montrent que les oméga 3 réduisent le taux de naissance prématurées et augmentent le poids de naissance des bébés. De plus, le système nerveux central et le cerveau se développent bien et les facultés cognitives sont augmentées à long terme.
C’est la raison pour laquelle une supplémentation en huile de poisson naturelle (ndlr : ou bien en huile d’algue végane) est conseillée durant la grossesse, de manière à couvrir les besoins en oméga 3, aussi bien de la mère que de l’enfant.
Annett Schmittendorf est naturopathe et sage-femme.
Julia Tulipan est diplômée en biologie et exerce en tant que nutritionniste et coach personnel.