Oméga-3 et endométriose : un lien fondamental
En quoi la prise d'EPA et DHA peut-elle contribuer à l'amélioration du quotidien des personnes souffrant d'endométriose ?
Quand Camille est entrée dans mon cabinet pour la première fois, son regard était éteint et sa voix brisée. Dix-neuf ans de douleur, de honte et d’incompréhension pesaient sur elle.
Elle m’a raconté son calvaire, débuté à l’adolescence:
Chaque cycle menstruel était une torture, comme si ses entrailles se déchiraient. Les gynécologues consultés balayaient ses plaintes : « C’est normal, certaines femmes souffrent plus pendant leurs règles. »
Il aura fallu sept ans pour poser un diagnostic.
Sept ans de remarques blessantes :
Comme une femme sur dix, Camille vivait avec une douleur chronique, invisible, mais pourtant bien réelle.
Imaginez que le tissu qui tapisse normalement l’intérieur de l’utérus – l’endomètre – décide de se balader ailleurs dans le corps.
Qu’il puisse s’installer sur les ovaires, la vessie, les intestins, ou même des organes plus inattendus comme le foie ou les reins.
Problème : ce tissu continue de réagir aux hormones. Aux œstrogènes en l’occurrence, qui le font croître et saigner à chaque cycle menstruel.
Résultat ? Une partie du sang qui devrait normalement être évacué chaque mois, reste à l’intérieur.
Cela crée une réponse inflammatoire chronique importante et des lésions sur les organes touchés, que l’on appelle “adhérences”.
Ce dérèglement s’accompagne d’un cortège de symptômes souvent invalidants :
Cependant, il existe de nombreux autres symptômes.
On pourrait presque dire qu’il existe une endométriose par femme, tant chacune a des symptômes et une tolérance à la douleur qui lui est propre.
Chez Camille, c’était la digestion un jour, la vessie la semaine suivante… la dépression chaque mois.

Le diagnostic de Camille est tombé lors d’un bilan de fertilité. S’en sont suivis hormonothérapies, stimulations ovariennes, FIV, et même une ménopause artificielle à 28 ans.
Insomnies, prise de poids, bouffées de chaleur, peau sèche : elle ne se reconnaissait plus vraiment.
Bien qui s’agisse d’une maladie gynécologique, l’endométriose est une inflammation systémique généralisée, aux conséquences en cascade sur tout l’organisme.
Système digestif, nerveux, hormonal, immunitaire…Tous sont touchés par cette pathologie.
Et, comme c’était le cas pour Camille, il arrive que les nerfs eux-mêmes soient affectés, amplifiant la douleur et favorisant un état anxieux chronique, voire dépressif.
Les causes restent floues, mais l’alimentation et les perturbateurs endocriniens (comme la dioxine dans les tampons menstruels) sont pointés du doigt.
Il y a vingt ans, l’endométriose profonde chez les jeunes femmes était très rare. Aujourd’hui, elle est devenue courante.
Quand Camille a entamé un parcours en naturopathie, je lui ai demandé comment elle s’alimentait.
Elle m’a répondu qu’en dix-neuf ans de parcours médical, personne ne lui avait jamais posé cette question.
Son alimentation était très transformée, pauvre en micronutriments, en antioxydants, riche en sucres, en oméga-6, en additifs…
Un terrain idéal pour l’inflammation.
Les oméga-3 (EPA, DHA, ALA) sont des acides gras essentiels que le corps ne produit pas, nécessitant un apport via l’alimentation ou des suppléments.
Ils soutiennent la santé du cerveau, du cœur, de la peau et sont étudiés pour leur rôle dans l’endométriose. EPA et DHA, les formes les plus bénéfiques, se trouvent dans les poissons gras, certaines algues, et la viande ou le beurre d’animaux exclusivement nourris à l’herbe. La forme ALA, moins assimilable, est présente dans les noix, les huiles végétales (colza, soja) et les graines de lin.
La forme ALA peut se transformer en EPA – DHA dans notre corps, en théorie.
Mais de nombreux obstacles font barrage à cette transformation.
La conversion des omégas en général, repose sur une enzyme-clé, la Delta-6 Désaturase, beaucoup trop accaparée par la conversion des oméga-6, surreprésentés dans notre alimentation moderne.
Résultat : à cause de cette compétition, il reste bien peu de cette enzyme pour convertir les oméga-3 végétaux.

De plus, il existe de nombreux autres obstacles à cette conversion :
Les acides gras-trans, la résistance à l’insuline, l’hyperthyroïdie, le stress, l’âge, etc.
En conclusion, la consommation d’oméga-3 ALA permet de limiter la conversion des oméga-6 en prostaglandines pro-inflammatoires, mais ne suffit pas à obtenir des oméga-3 EPA DHA.
Le mieux est donc de consommer directement des oméga-3 EPA DHA.
Les oméga-3 à longue chaîne, comme l’EPA, sont de puissants anti-inflammatoires naturels, particulièrement bénéfiques au maintien de la santé hormonale féminine.
Ils favorisent la production de prostaglandines anti-inflammatoires (PGE3) et limitent, par effet de compétition, les pro-inflammatoires (PGE2), très impliquées dans l’endométriose.
Ce rééquilibrage des acides gras a été ma première priorité dans ma tentative de soulager naturellement la maladie de Camille.
Une étude (Hopeman et al., 2015) a observé 82 % de risque d’endométriose en moins chez les femmes avec des taux sanguins élevés d’EPA.
Dans le contexte de l’inflammation, les oméga-3 sont responsables de:
D’autre part, les oméga-3 interagissent avec les récepteurs cellulaires et modulent la réponse hormonale entre les cellules.
C’est donc toute la cascade hormonale globale qui est positivement impactée par la prise quotidienne d’oméga-3 à longue chaîne.

Après de nombreuses années à vivre nettement en dessous de ses besoins en oméga-3, une cure d’oméga-3 permet de remonter la pente en quelques mois. Et surtout dans le cadre d’une maladie comme l’endométriose.
Les dosages recommandés en cure sont de 2000 mg par jour pour un adulte.
Les femmes atteintes d’endométriose ont souvent de multiples carences.
Pour Camille, j’ai tout de suite pensé :
Elle diminue l’activité de l’aromatase, une enzyme qui transforme la testostérone en oestrogènes. Dans le cadre de l’endométriose, cette enzyme est présente en excès.
La carence de ces deux éléments essentiels entraîne un cercle vicieux qui aggrave les symptômes de la maladie.
D’autre part, l’endométriose est toujours associée à un stress oxydatif important.
Et comme tous les acides gras polyinsaturés, comme les oméga-3, sont fragiles et vulnérables à l’oxydation, la solution idéale est de les associer à des antioxydants !
Nous avons donc établi ensemble une alimentation non transformée et riche en végétaux colorés antioxydants.
Les antioxydants ayant démontré le plus d’impact positif sur l’endométriose sont la vitamine C, la vitamine E, le gallate d’épigallocatéchine (EGCG ) et le resvératrol.
Avec son passé médical, Camille n’espérait pas un miracle du jour au lendemain…
Et pourtant.
Au bout de quelques mois de réformes dans son mode vie, elle a pu observer de nombreux changements.
Camille a observé une nette diminution des douleurs au fil des cycles.
Un retour de l’énergie. Un apaisement global du système nerveux.
Et puis, petit à petit, d’autres bénéfices ont émergé :
À côté, Camille a aussi réappris à s’alimenter et à écouter son corps.
Aujourd’hui, elle ne se définit plus par sa maladie. Elle avance pas à pas, sur le chemin de la guérison. Et si son parcours n’a pas été linéaire, en découvrant la naturopathie il est devenu plus stable et plus conscient.
Et qui sait, peut-être qu’un jour l’endométriose sera définitivement derrière elle ?
L’endométriose est une maladie complexe qui demande une prise en charge globale.
Si vous vivez avec l’endométriose, ou si vous accompagnez quelqu’un qui en souffre, les oméga-3 devraient être votre premier réflexe.
En modulant les prostaglandines, en apaisant le système immunitaire, en soutenant le système nerveux, hormonal et digestif, ils participent au rééquilibrage global de l’organisme.
Si le chemin vers un diagnostic et un traitement peut être long, des solutions existent pour mieux vivre avec. Des changements alimentaires et des ajustements du mode de vie peuvent réellement changer la donne.
Gabi Costa, naturopathe
Hopeman et al., 2015 – Sienko A, Cichosz A, Urban A, Smolarczyk R, Czajkowski K, Sienko J. The effect of two anti-inflammatory dietary components, omega-3 and resveratrol, on endometriosis. – Yalçın Bahat P, Ayhan I, Üreyen Özdemir E, İnceboz Ü, Oral E. Dietary supplements for treatment of endometriosis: A review. Acta Biomed. 2022 – Osmanlıoğlu Ş, Sanlier N. The relationship between endometriosis and diet. Hum Fertil (Camb). 2023
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